Les cinq représentées

En août 1917, le Parlement a adopté la Loi des électeurs militaires qui a accordé le droit de vote à tous ceux servant dans l’armée canadienne — incluant nos infirmières militaires féminines. Non seulement les infirmières militaires canadiennes étaient les seule infirmières des forces alliées pour tenir le rang d’officiers, elles étaient les premières femmes dans l’histoire canadienne à voter dans une élection fédérale.

Rencontrez certaines des premières femmes canadiennes pour voter aux élections fédérales de 1917 en servant d’infirmières militaire à l’hôpital militaire d’Ontario dans Orpington, Angleterre.

Alma Florence Finnie (1890/91-1992)

« Pour qui ai-je voté? Personne ne m’a encore demandé ça. Je crois que c’était pour celui qui était déjà en poste [Sir Robert Borden]. » – Alma Finnie, décrivant son vote à l’élection fédérale de 1917.

Issue d’une famille de sept enfants, Alma Florence Finnie naquit le 24 juillet 1890 dans le hameau de Bensford’s Corners, à environ vingt kilomètres au sud de Peterborough, en Ontario. Étudiante intelligente, Alma devint institutrice en 1911 et enseigna dans la circonscription scolaire no 1 à Yelverton, petite collectivité au sud-ouest de Lindsay, en Ontario. 

L’enseignement n’était cependant pas la carrière qu’Alma avait en tête. Après quelques années, elle s’inscrivit à l’école d’infirmières de l’Hôpital Grace de Toronto, dont elle obtint un diplôme en 1915. Un peu plus d’un an plus tard, Alma s’était enrôlée dans le Corps de santé de l’armée canadienne, qui l’envoya rapidement travailler en France dans des hôpitaux militaires et à bord de trains sanitaires canadiens. Elle fut ensuite mutée à l’hôpital général canadien no 16, à Orpington, où elle devint la première femme à voter lors d’une élection fédérale canadienne. Tout au long des années 1920, Alma œuvra comme infirmière à l’Hôpital des vétérans de la rue Christie, à Toronto puis, en 1926, elle se rendit avec la Croix-Rouge dans le nord de l’Ontario pour s’occuper des mineurs dans la région de Red Lake.

Celestina Geen (1878/79-1972)

« Depuis qu’a commencé le branle-bas, nous, les infirmières, donnons à tour de rôle, de 8 heures à minuit, une sorte de souper aux gars qui doivent être debout pour participer aux convois – en fait, certains d’entre eux travaillent jour et nuit, tout en demeurant tellement enthousiastes et aimables envers les patients, même si les pauvres gars semblent eux-mêmes prêts à tomber. » Celestina Geen écrivant depuis l’Hôpital général canadien no 2.

Originaire de Belleville, en Ontario, Celestina Geen s’enrôla le 25 septembre 1914 dans le Corps de santé de l’armée canadienne. D’abord affectée à l’hôpital général canadien no 3 à Boulogne, en France, elle se retrouva, après quelques années, à l’hôpital général canadien no 2. Pendant quatre mois, à l’été 1917, Celestina soigna les patients de l’hôpital général canadien no 16, à Orpington. La première semaine de novembre, elle avait été temporairement affectée au service du transport, mais elle retourna bientôt en Angleterre reprendre son service à l’hôpital no 16. Là, elle a sans doute été témoin du vote historique (et peut-être y a-t-elle participé) qui s’est tenu cette année-là.  Après la guerre, Celestina épousa Samuel Steele, puis elle s’éteignit en 1972.

Caroline Luella LaRose (1890-1977)

De nombreuses infirmières militaires du Canada ont ressenti depuis l’enfance l’appel à servir comme infirmière. Ce fut tout particulièrement le cas de Caroline Luella LaRose. Fille d’Isaac LaRose et de Mary Livingston, Caroline naquit le 12 mars 1890 à Long Point, en Ontario, dans une famille de dix enfants. À l’âge de huit ans, Caroline et sa sœur en bas âge s’égarèrent dans les bois alors qu’elles cueillaient des baies avec leur famille près du lac Charleston. Pendant quatre jours, Caroline prit soin de sa sœur dans une cabane isolée, la nourrissant d’eau et de baies écrasées. Les deux fillettes finirent par être retrouvées, puis l’héroïsme de Caroline devint une légende locale dans le comté de Leeds. 

Caroline s’enrôla dans le Corps de santé de l’armée canadienne la veille de Noël 1915, puis fut transportée outremer quelques mois plus tard. D’abord affectée à l’hôpital Moore Barracks, Caroline fut transférée en novembre 1917 à l’Hôpital général canadien no 16, à Orpington. Pendant qu’elle y était en service, elle a peut-être voté à l’élection fédérale canadienne qui avait alors cours. À son retour au Canada, Caroline servit à titre de superviseure des services infirmiers à Galt, en Ontario et prit sa retraite en mai 1935. Elle s’éteignit en 1977, après avoir passé une grande partie de sa vie au service des autres au pays et à l’étranger.

Florence Sennett (1872-194?)

Née le 11 février 1872 à Lindsay, en Ontario, Florence Sennett était la deuxième d’une famille d’environ neuf enfants élevés par des immigrants irlandais. Comme de nombreuses jeunes femmes de son âge, Florence était désireuse de voir du pays, ce qui la conduisit à l’hôpital St. Joseph’s d Victoria, en Colombie-Britannique, où elle suivit son cours d’infirmière. Florence obtint en 1905 son diplôme du St. Joseph’s School of Nursing, environ trois ans après l’ouverture de cette école d’infirmières.

Dix ans plus tard, le 14 septembre 1915, alors âgée de 43 ans, Florence s’enrôla dans le Corps de santé de l’armée canadienne et fut affectée à l’hôpital de la Croix-Rouge Duchess of Connaught de Taplow, au Buckinghamshire. Un peu plus de deux ans plus tard, le 23 octobre 1917, elle se retrouva à l’Hôpital général canadien no 16, à Orpington.  Pendant qu’elle y a servi, elle aurait été témoin de l’élection fédérale canadienne de 1917 – si elle n’y a pas participé – lorsque les femmes qui servaient dans l’armée ont obtenu le droit de vote. Le printemps suivant, elle fut affectée au service du transport à bord du HMHS Llandovery Castle, avant d’être rayée de l’effectif en mai 1918.

Oda Weldon (1885-1954)

« Vous suivez l’exemple de la très noble Florence Nightingale et, tout comme elle, puisse votre travail être couronné de l’aimable appréciation des malades et des personnes qui souffrent. » C’est en ces termes que le révérend J. U. Robins s’est adressé à Oda Weldon avant qu’elle et son frère Harold ne partent pour l’Angleterre au printemps de 1916. 

L’une des sept enfants de Jesse B. Weldon et d’Ellen Lownsbrough, d’Oakwood, Oda Everilda Weldon naquit le 23 juin 1885 dans le canton de Mariposa, en Ontario. Désireuse de devenir infirmière, Oda a reçu en 1905 son diplôme de l’école d’infirmières de l’Hôpital général de Toronto. Avant son enrôlement, Oda a travaillé comme infirmière à Battle Creek, au Michigan, et occupé un poste de supervision à l’Hôpital général de Vancouver.

Le 1er juin 1917, Oda s’est engagée à l’hôpital général canadien no 16 d’Orpington et c’est pendant son service à cet endroit que, de concert avec Jean Bennett et Alma Finnie, elle est devenue parmi les toutes premières femmes à voter lors de l’élection fédérale canadienne de 1917. Après la guerre, Oda a servi à Toronto à titre d’inspectrice au ministère du Rétablissement civil des soldats (MRCS).